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POÈMES 187


   
Paroles qui montent jusqu'au Créateur de toutes choses.
Puis s’évanouissent au loin en d’ardents murmures.

Celui qui a contemplé une fois le soleil dans sa gloire
Et les nues du ciel, et senti son cœur purifié
Par la présence du Souverain Maître, celui-là seul saura
Ce que je veux dire et sentira son être s’embraser :
Donc je n'insulterai pas son esprit
En disant ce qu'il voit par don de naissance.

O Poésie ! c’est pour toi que je tiens ma plume
Moi qui ne suis pas encore un glorieux citoyen
De ton vaste Empyrée. M’agenouillerais-je plutôt
Sur quelque pic montagneux jusqu’à ce que je sente
Une réchauffante splendeur rayonner autour de moi.
Et renverrais-je l’écho de ta propre voix ?
O Poésie ! c’est pour toi que je saisis ma plume
Moi qui ne suis pas encore un glorieux citoyen
De ton vaste Empyrée ; pourtant exauce mon ardente prière,
Que de ton sanctuaire me parvienne un air limpide,
Imprégné, pour m’intoxiquer, des effluves
De fleurissantes baies, qui me fassent mourir
De volupté, et que mon jeune esprit suive
Les premières lueurs matinales vers le Grand Apollon
Comme une victime sans tache ; ou si je peux supporter
Les accablantes ivresses, elles me suggéreront les féeriques
Visions de tous les espaces : un recoin ombragé