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D’avoir donné la vie à tous les yeux en joie
Dont l’éclat sourit à l’aurore nouvelle.

Mais qu’y a-t-il de plus élevé que toi par delà la pensée ?
Plus frais que les fruits de l’arbre de la montagne ?
Plus étrange, plus beau, plus suave, plus royal
Que les ailes du cygne, que les colombes, les aigles à peine entrevus ?
Qu’est-ce ? Et à quoi la comparerai-je ?
Elle a une auréole, et rien d’autre ne peut l’égaler :
La pensée en est haute, et douce, et sacrée.
Elle chasse toute folie, toute frivolité ;
Survenant parfois comme de redoutables coups de tonnerre.
Ou de sourds grondements des régions souterraines ;
Et parfois comme un gentil chuchotement
De tous les secrets de quelqu'étonnante chose
Dont le souffle nous enveloppe dans l'atmosphère vide ;
De sorte que nous jetons autour de nous des regards curieux,
Peut-être pour voir des formes de lumière, des peintures aériennes,
Et saisir les flottantes harmonies d’une hymne faiblement perceptible ;
Pour voir, suspendue dans les cieux, la couronne de lauriers
Qui doit couronner nos noms lorsque nous serons morts.
Parfois cela prête une magnificence à la voix,
Et du fond du cœur retentit : réjouis-toi ! réjouis-toi !