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POÉSIES DIVERSES 181


SON DERNIER SONNET

Ecrit sur un exemplaire des Poèmes de Shakespeare
donné à Severn quelques jours avant.


Astre brillant ! puissé-je, immobile comme tu l’es —
Non pas, resplendir à l’écart suspendu dans la nuit,
Et surveiller, les paupières éternellement redressées,
Tel un forçat de la Nature, Ermite sans sommeil,
Les eaux mouvantes, dans leur tâche lustrale,
Purifiant de leur ablution les rivages des hommes.
Ou contempler le masque floconneux, que, fraîchement tombée,
La neige impose aux montagnes et aux bruyères, —
Non, — mais, puissé-je, toujours immobile, toujours immuable,
Posséder comme oreiller le sein mûrissant de ma bien aimée,
Pour le sentir à jamais doucement se soulever puis s’abaisser,