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POÉSIES DIVERSES l6l La première était une belle jeune fille, qui s’appelait l’Amour; La seconde était l’Ambition, les joues pâles. Toujours aux aguets, les yeux caves. La dernière, ma préférée, celle qui le plus de blâme Accumula sur sa tête, jeune fille sans pitié. Je la reconnus pour mon démon, c’était la Poésie.

Elles disparurent, et en vérité ! je n’avais pas d’ailes : Ô folie ! qu’est l’Amour? et ou est-il? Et quant à cette pauvre Ambition ! elle fait naître Dans le cœur de l’homme un court accès de fièvre. Mais la Poésie ! — non — elle n’offre pas une joie — Du moins pour moi — aussi attrayante que les après- midi assoupissantes, Et les soirées plongées dans une indolence aussi suave que le miel ; Oh ! pour un temps ainsi abrité contre l’ennui, Puissé-je ne jamais savoir comment changent les lunes, Ou entendre la voix du bon sens affairé !

Encore une fois de plus elles revinrent; — hélas! pourquoi? Mon sommeil avait été brodé de rêves diffus ;