Page:Keats - Poèmes et Poésies, trad. Gallimard, 1910.djvu/147

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
143
POÉSIES DIVERSES


ODE À UN ROSSIGNOL

I

Mon cœur souffre, une torpeur accablante s’empare
De mes sens comme si j’avais bu de la ciguë,
Ou vidé une coupe de puissant narcotique
À l’instant même et m’étais plongé dans le Léthé :
Ce n’est pas par envie de ton heureux destin,
Mais parce que je suis enivré de ton bonheur,
Toi, qui, Dryade ailée des arbres,
Dans quelque mélodieux entrelacs
De hêtres verts et d’ombrages infinis
Chantes à plein gosier le calme de l’été.

II

Oh ! qui me donnera une gorgée d’un vin
Longtemps refroidi dans la terre profonde,