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POÉSIES DIVERSES Io3


A HOMÈRE



Étant à l’écart dans une géante ignorance,
J’entends parler de toi et des Cyclades,
Comme quelqu’un, assis sur le rivage, qui désire ardemment
Pouvoir visiter le dauphin corail dans les profondes mers.
Ainsi tu étais aveugle ! — Mais alors le voile était déchiré ;
Car Jupiter enlevait les rideaux du ciel pour te permettre de voir,
Et Neptune construisit pour toi une tente d’écume,
Et Pan fit chanter pour toi ses ruches des bois ;
Oui, sur les bords de l’obscurité il y a de la lumière,
Et les précipices montrent des prairies qu’on n’a pas foulées ;
Il y a un matin en bourgeon dans minuit;
Il y a une triple vue dans une cécité aiguë ;
C’est une telle vision que tu possèdes, comme il est arrivé jadis
A Diane, Reine de la Terre, du Ciel et de l’Enfer.

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