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De leurs chers amis, presque fous de joie ;
Ceux-ci tâtaient leurs bras et leurs poitrines, les embrassaient et les regardaient fixement,
Et sur leurs fronts calmes séparaient les cheveux.
Jeunes hommes et jeunes filles se regardaient curieusement les uns les autres,
Les mains derrière leurs dos, immobiles, stupéfaits
De voir la lueur réciproque de leurs yeux ;
Ainsi ils se tenaient, remplis d’une douce surprise
Jusqu’à ce que leurs langues se déliassent en essor poétique.
Dès lors aucun amoureux ne mourut d’angoisse :
Mais les vers mélodieux prononcés en ce moment
Nouèrent des liens de soie qui ne pussent jamais être brisés.
Cynthia ! Je ne peux énumérer les félicités plus grandes
Qui suivirent la tienne, ni les baisers de ton cher berger :
Un poète est-il né alors ? — n’ajoutons rien pour l’instant —
Mon esprit vagabond ne doit plus errer davantage.

1817.