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Entre toutes les splendeurs que mes yeux aient vues !
De même que ton éclat surpasse toutes choses,
De même aucun conte n’atteint la douceur du tien.
Oh ! pour trois paroles suaves comme le miel, puissé-je
Raconter une seule merveille de ta nuit nuptiale !

Là où de lointains navires semblent montrer leurs quilles,
Phébus pour un instant arrêta ses puissantes roues
Et se retourna pour sourire à tes yeux timides,
Avant de vouloir solenniser son invisible magnificence.
L’air du soir était si vif, et si transparent.
Que les hommes de bonne santé étaient d’une gaîté inaccoutumée ;
S’avançant comme Homère au son de la trompette
Ou le jeune Apollon sur son piédestal ;
Et les séduisantes femmes étaient aussi belles et chaudes,
Que Vénus en alarme jetant ses regards de tous côtés.
Les zéphirs étaient purs et éthérés,
Et s’insinuaient à travers les croisées mi-closes pour guérir
Les malades languissants, rafraîchissant leur fiévreux assoupissement
Et les berçant dans un sommeil complet et profond.
Bientôt ils s’éveillaient les yeux clairs : la soif ne les incendiait plus,
Leurs doigts no brûlaient plus, et leurs tempos n’éclataient plus.
Alors ils se levaient, leur vue causait l’étonnement