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Par quelle inspiration le barde des anciens âges chanta-t-il d’abord
Narcisse languissant au-dessus de la source pure ?
En quelque délicieux vagabondage, il avait découvert
Une petite clairière entourée de branches entrelacées ;
Et, au centre un étang si clair
Que jamais plus clair n’a reflété dans sa plaisante fraîcheur
Le ciel bleu, çà et là tamisant sa sérénité
À travers les pampres grimpants et leurs fantasques festons.
Puis sur la rive il surprit une fleur solitaire,
Une modeste fleur abandonnée, sans aucune fierté,
Penchant sa beauté sur le miroir de l’onde
Pour s’approcher amoureusement de sa propre image attristée.
Sourde au léger Zéphyr, elle restait immobile ;
Mais semblait insatiable de se pencher, languir, aimer.
Ainsi tandis que le Poète était fasciné en ce site charmant,
Quelques indistinctes lueurs glissèrent sur sa fantaisie ;
Peu de temps après il conta l’aventure
Du jeune Narcisse et l’infortune de la triste Écho.

D’où venait-il celui dont l’esprit ardent exhala
Le plus harmonieux des chants, éternellement nouveau.
Toujours rafraîchissant, pures délices,
Ne cessant de réjouir
Le voyageur au clair de lune ? lui apportant