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parties suivantes l’impression de celles qui précèdent, de sorte que la régularité de leur ordonnance devient difficile à saisir. Mais, soit que la règle innée du développement porte tous les arts vers des formes semblables, ou que la construction des uns influence celle des autres, les artistes ont été portés à des compositions de cette symétrie supérieure même dans les arts du mouvement, notamment dans la haute lyrique des Grecs, où selon le témoignage d’Aristides Quint. « Alia simili modo atque prior ordo se habent, alia contra. Et quidem simili modo ut cum primum metrum antistrophes redditur strophes primo, secundum secundo et caetera similiter ; contra autem, ut cum primum ultimo, secundum penultimo, caeteraque secundum eamdem rationem[1]». Récemment encore, Victor Hugo, dans son poème bien connu . Les Djinns, a fait choix du dernier mode de construction.

Toutefois les arts du mouvement sont opposés à la construction symétrique, et quand ils abandonnent l’égalité des parties ils les font égales par paires, en en formant une suite de paires. Ils relèvent même l’unité de paires par des périodes additionnelles. Cette forme de composition, particulière à la lyrique, et par conséquent à la musique grecque, et dont on retrouve encore les traces dans la musique moderne, ne fut jamais suivie dans les arts du repos, qui préfèrent la symétrie.

S’appuyant sur leur permanence, les arts du repos abandonneront bientôt la symétrie parfaite si caractéristique même pour la sculpture chez les Egyptiens ; ils ne viseront désormais qu’à une symétrie, que je qualifierais volontiers de psychologique : ils contrebalanceront l’impression des parties opposées soit par des couleurs, soit par des lignes, par la force de leur expression. C’est ce que nous rencontrons dans presque toute la peinture, dans la sculpture et quelquefois, dans une certaine mesure, dans

  1. Meibom, Antiquæ musicæ auctores septem, II, 58.