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lequel ces phénomènes se manifestent le plus, dans lequel ils ont une histoire, et où ils sont placés par l’homme avec la conscience de son but et de sa volonté, en un mot, il faut nous borner au domaine historique de l’art.

Les arts relèvent nécessairement de la condition formelle de l’existence et se divisent en arts des mouvements dont les œuvres s’écoulent dans le temps, et en arts du repos dont les produits s’étalent et persistent dans l’espace. D’après cette division, établie pour la première fois par Aristoxène, disciple d’Aristote, la danse, la poésie et la musique font partie du premier genre, la sculpture, la peinture et l’architecture du second[1]. C’est de la même division que Lessing a fait usage, avec tant de succès, dans ses recherches esthétiques.

Une des conditions fondamentales de l’arrangement des uns et des autres semble consister dans l’égalisation des parties. C’est ainsi qu’on place les triglyphes, les colonnes, ou les fenêtres à égales distances ; et que la mesure dans les pièces musicales, dans les danses et les pieds dans les mètres antiques sont égaux. Cette égalité de construction peut être interrompue par une partie médiale, différant de toutes les autres, mais à condition que l’harmonie soit maintenue de deux côtés par des suites égales de parties égales. Nous arrivons ainsi à la symétrie, qui peut cependant aller plus loin et abandonnant l’égalité de toutes les parties, hormis la partie médiale, viser seulement à la correspondance des membres égaux par paires, et disposés de deux côtés d’une ligne médiale. Seuls, les arts du repos comportent cette symétrie d’un degré supérieur, pour cette raison, que persistant dans l’espace, les œuvres de l’architecture, de la peinture et de la sculpture se prêtent à une contemplation longue et soutenue, tandis que les arts du mouvement s’écoulant dans le temps, effacent par les

  1. R. Westphal, Die Musik des griechischen Altherthums, 1883.