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JUANITA

Selon toutes les apparences et selon tous les comptes, Juanita est un personnage qui ne fait pas honneur à sa famille ou à sa ville natale de Rock Springs. Je l’ai rencontrée pour la première fois il y a trois ans dans la petite pièce du fond derrière le magasin de son père. Elle semblait très timide et encline à s’effacer ; un exploit héroïque à tenter, compte tenu des limites étroites de la pièce ; et un sans espoir, vu ses cinq pieds dix pouces, et plus de deux cents livres de chair substantielle, qui, à cette occasion, et à chaque fois que je l’ai vue, était vêtue d’un calicot « Mère Hubbard » souillé[1].

Son visage, et en particulier sa bouche, avait une certaine beauté fraîche et sensuelle bien que je préfèrerais ne pas dire « beauté », si je pouvais dire autre chose.

J’ai souvent vu Juanita cet été-là, simplement parce qu’il était si difficile pour la pauvre de ne pas être vu. Elle était généralement assise dans un coin obscur de leur petit jardin, ou derrière un angle de la maison, préparant des légumes pour le dîner ou triant les graines de fleurs de sa mère.

À ce moment là, on peut dire, avec quelque amusement, que Juanita n’était pas aussi attirante pour les hommes que son apparence pouvait l’indiquer ; qu’elle avait plus d’un admirateur et de grands espoirs de se marier bien, sinon brillamment.

  1. Une robe ample et informe