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POUR NE PAS ÊTRE TREIZE.

de plus à faire à Lyon, ils remontèrent en voiture.


Il se passa une année, pendant laquelle les choses suivirent leur cours ordinaire. Félix Duport avait succédé à son père dans sa maison de commerce et faisait d’assez bonnes affaires. L’oncle Éloi lui écrivait de temps en temps :

— Avez-vous des nouvelles de mon neveu ?

À quoi l’autre répondait :

— Pas encore.

Un matin, un homme demanda à parler à M. Félix Duport, et refusa de dire son nom pour qu’on l’annonçât.

— Dites-lui seulement que c’est quelqu’un qui espère n’avoir pas besoin d’être annoncé.

— Ce ne peut être qu’Eugène, dit Félix Duport.

Et il vint le chercher dans l’antichambre.

Il n’y avait pas besoin de demander à Milbert l’état de ses affaires. Il avait la figure amaigrie et hâve ; son habit bleu, toujours le même, était dans un état tout à fait déplorable.

Après qu’ils se furent embrassés, il dit :