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POUR NE PAS ÊTRE TREIZE.

— Rassurez-vous, mademoiselle, je n’ai jamais dit un mot à personne.

Fanny, dans son trouble, la tête égarée, lui mit dans les mains tout ce qu’elle avait d’argent. De ce jour, elle fut dans la dépendance d’Élisabeth, obligée d’atténuer ses fautes aux yeux de madame Gautherot, de l’aider même à sortir ou à rentrer à des heures indues.

Elle ne tarda pas à s’apercevoir d’un dérangement dans sa santé, que, dans son ignorance, elle attribua au chagrin. Sa mère lui dit plusieurs fois :

— Mais qu’as-tu, Fanny ? Comme tu es pâle ! As-tu mal ? où souffres-tu ?

Mais, un matin, Élisabeth lui dit :

— Mademoiselle, il faut prendre un parti ; nous ne pourrons bientôt plus cacher à votre mère…

— Quoi donc, Élisabeth ?

— Mademoiselle veut rire…

— Non, vraiment…

— Comment ! mademoiselle ne saurait pas… ?

— Quoi donc ? qu’est-ce que nous ne pourrons pas cacher à ma mère ?