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CONTES ET NOUVELLES.

notre parti. Votre oncle m’a parlé des embellissements qu’il a fait faire pour moi à sa maison de Lausanne… Il m’a consultée sur plusieurs choses, et, comme j’éludais de donner mon avis, pour qu’il ne puisse pas dire plus tard que j’aie jamais consenti moi-même à ce ridicule mariage qu’il a inventé de complicité avec mes parents, il a beaucoup insisté pour savoir de quelle couleur je voulais que fût tendu le salon. Ma mère s’est mêlée de la conversation, et m’a pressée aussi. J’ai d’abord eu envie d’imiter la princesse, du conte de Peau-d’Âne, qui demandait à son beau-père amoureux d’elle une robe de la couleur du soleil, et d’imposer à M. Éloi des prouesses qui pussent empêcher ou du moins retarder mon mariage. Mais j’ai fini par dire que j’avais vu, dans le temps, à Genève, un salon qui m’avait paru ravissant, que je ne me rappelais pas bien comment il était, mais que j’écrirais à l’amie chez laquelle je l’avais vu.

C’est sous ce prétexte que j’ai en ce moment la liberté de m’entretenir avec vous. Plaisanterie à part, je vois, avec une sorte d’effroi, qu’il me faudra bientôt me prononcer hautement contre