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CONTES ET NOUVELLES.

vibrations de la harpe de Berthe. Deux ans se passèrent ainsi.

Un soir, Berthe se trouvait avec son père sous la tonnelle de leux petit jardin. Cette tonnelle était formée par cinq acacias, qui mêlaient dans le haut leur feuillage et leurs grappes blanches et parfumées ; entre les acacias, des lilas d’un vert sombre fermaient les espaces vides de leur épaisse fouillée ; trois ou quatre chèvrefeuilles grimpaient autour des acacias, et laissaient pendre de longues guirlandes fleuries.

À travers l’étroite entrée laissée à la tonnelle, on voyait à l’horizon une bande de pourpre produite par les reflets du soleil couchant. C’était l’heure consacrée aux souvenirs : Berthe joua sur la harpe son air favori ; mais tout à coup elle s’arrêta pour écouter.

Tout était silence ; le vent même à cette heure cesse d’agiter le feuillage. Berthe recommença l’air, et elle entendit encore la flûte de Rodolphe l’accompagner.

C’était Rodolphe qui revenait.

Deux ans après, Rodolphe et Berthe possédaient une charmante petite fille, fruit chéri