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notre logement ; il y a une pelouse molle comme du velours, il me semblait y voir se rouler des petits enfants.

Théodore partit pour Paris ; quand il arriva, le joaillier du roi, auquel on lui avait conseillé de proposer son diamant, était absent pour quelques jours.

Théodore profita de ce temps pour choisir un hôtel et des meubles, pour essayer des chevaux et une calèche : il prenait note de tout ce qu’il voyait de beau, des tapis, des porcelaines, des dentelles ; en attendant, il était fêté et caressé par une foule de parents et d’amis qu’il ne s’était jamais connus auparavant. Quand il entrait dans un salon, on disait tout haut : « Théodore N… ; » et tout bas : « Qui vient de faire en Orient une fortune si prodigieuse. » Toutes les prévenances, tous les regards étaient pour lui ; les mères lui faisaient les honneurs de leurs filles ; les filles lui trouvaient l’air distingué.

Hélas ! hélas ! voici Théodore sur une pente bien rapide ; et vous pensez que la pauvre Anna court grand risque d’être oubliée.

Je le croirais aussi, et cependant, malgré tout