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et de la fille. Cette réserve, à son tour, blessa Théodore. Enfin, quoique les trois personnages de ce récit ne changeassent rien à leurs premières intentions, ils ne s’en séparèrent pas moins, après cette première entrevue, fort mécontents les uns des autres. Cependant, deux ou trois jours après, il y eut entre les deux jeunes gens un moment d’expansion.

— Je ne sais pourquoi, disait Anna, cette grande fortune que vous nous avez annoncée m’épouvante ; nos projets étaient si beaux ! tout cela sera détruit. Adieu à cette petite maison d’où l’on voyait si bien la mer ; elle est cependant à louer en ce moment.

― Ma belle Anna, reprenait Théodore, nous irons à Paris, et nous habiterons un hôtel dans le plus beau quartier.

― Théodore, je regrette la petite maison ; les arbres en sont d’un si beau vert, l’air y est si pur ! Hier encore, je suis sortie un moment avec ma bonne, et j’ai prolongé ma promenade jusque-là ; je la regardais avec amour. « C’est là, disais-je, que nous vivrons, que nous serons heureux ensemble ! » Et, par la pensée, déjà j’y divisais