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LES WILLIS.

cence à l’arrivée de son neveu. Cet oncle était fort riche, et, de ses nombreux enfants, n’avait plus qu’une fille très-belle qu’il imagina de faire épouser à Henry. Celui-ci n’osa refuser tout d’abord, prit du temps pour demander le consentement de sa mère, et lui écrivit de le refuser ; mais, dans le temps que la réponse mit à venir, il s’était habitué à sa cousine et à la fortune, et il ne fut pas médiocrement enchanté, au lieu de la lettre qu’il avait demandée à sa mère, d’en recevoir une où elle lui peignait tous les avantages de l’union qu’il était à même de contracter.

Il en vint, au milieu des plaisirs d’une grande ville, à oublier Anna, et à regarder les engagements sacrés qu’il avait pris avec elle comme un jeu d’enfants auquel devait renoncer l’homme raisonnable.

Conrad était arrivé le jour du mariage de Henry avec sa cousine ; il avait fait de vifs reproches à son ancien ami, et, exaspéré de ne pouvoir le fléchir par la peinture de la tristesse et des souffrances de sa sœur, il l’avait insulté et provoqué en public ; ils s’étaient battus, et Henry lui avait donné un coup d’épée.