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CONTES ET NOUVELLES.

se déshabiller ; elle trouva la couronne blanche, la porta à ses lèvres et la serra sur son cœur.

À chaque relais, Henry envoyait une lettre ; mais, quel que fût son chagrin, c’est pour celui qui reste que l’absence a le plus d’amertume ; et en peu de temps la pauvre Anna perdit la teinte rose de son visage ; il arriva un moment où les lettres devinrent plus rares, puis on n’en reçut plus du tout. Anna ne se plaignait pas, mais ses joues et ses yeux se creusaient et elle pleurait en silence dans sa chambre ; elle devenait sombre et farouche, et fuyait même la société de son père et de son frère Conrad.

Enfin elle devint tout à fait malade ; Conrad avait écrit quatre fois à Henry sans en recevoir de réponse. Un matin, il partit pour Mayence ; doux mois après, il revint sur un chariot, blessé, pâle ; au bout, de quelques jours il mourut, tué par Henry.

Voici ce qui était survenu.

En arrivant à Mayence, l’oncle s’était trouvé moins malade que Henry ne s’y attendait ; sa ressemblance avec son père avait comblé de joie ce parent, qui attribua sa prochaine convales-