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CONTES ET NOUVELLES.

Quelques jours après, un cutter garde-côte, en passant devant Étretat, remarqua un feu qui brillait pendant la nuit dans les falaises ; on crut d’abord que c’était la lanterne de quelque pêcheur qui descendait par l’avalure. Mais il y avait à bord un homme du pays, qui répondit qu’il n’y avait pas de descente à l’endroit où on croyait voir un fanal. On mit en panne pour observer, parce qu’alors on pensa à quelque affaire de contrebande, et on vit le fanal descendre jusqu’au tiers de la falaise. On envoya une embarcation à terre avertir les douaniers ; ceux-ci se portèrent à l’endroit indiqué, mais la lumière avait disparu.

Une fois l’attention éveillée, on chercha, on commenta, on devina. Bérénice, au lieu d’arriver vers onze heures du soir auprès de Romain, n’y arriva une nuit qu’à deux heures du matin ; on l’avait suivie, mais elle s’en était aperçue. Alors elle était rentrée ; puis elle avait porté des provisions à Romain en plus grande quantité : elle avait mis dans le panier une lettre expliquant à Romain ce qui l’avait retardée et le soin qu’elle prenait de lui apporter des provisions pour plu-