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paix. Si la guerre éclatait, elle était faite générale­ment par des volontaires. En principe, chaque tribu était considérée comme en état de guerre avec toute autre tribu, si un traité de paix n’avait pas été expressément conclu entre elles. Des expéditions contre les ennemis de ce genre étaient, pour la plupart, organisées à titre indivi­duel par des guerriers éminents ; ils donnaient une danse guerrière ; ceux qui s’y joignaient exprimaient du même coup qu’ils participaient à l’expédition. La colonne était aussitôt formée et se mettait en marche. De même, la défense du territoire de la tribu attaquée était assurée, la plupart du temps, par des levées de volontaires. Le départ et le retour de ces colonnes don­naient toujours lieu à des réjouissances publiques. L’autorisation du Conseil de tribu n’était pas nécessaire pour des expéditions de ce genre et elle n’était ni sollicitée, ni donnée. C’est tout à fait les expéditions particulières des suites armées germaniques, telles que Tacite nous les décrit, à cette différence près que chez les Germains les suites ont pris un caractère plus permanent, forment un noyau solide, organisé dès le temps de paix et autour duquel les autres volontaires se groupent en cas de guerre. Ces colonnes guerrières étaient rarement nombreu­ses ; les expéditions les plus importantes des Indiens, même à de grandes distances, étaient accomplies par des forces militaires insignifiantes. Quand plusieurs de ces suites se réunis­saient pour une grande entreprise, chacune d’elles n’obéissait qu’à son propre chef ; l’unité du plan de campagne était assurée, tant bien que mal, par un Conseil de ces chefs. C’est de cette façon que les Alamans faisaient la guerre sur le Haut-Rhin, au ive siècle, comme nous en trouvons la description dans Ammien Marcellin.

  1. Nous trouvons, dans quelques tribus, un chef suprême, dont les pouvoirs sont pourtant fort réduits. C’est l’un des sachems qui, dans les cas qui exigent une action rapide, doit prendre des mesures provisoires jusqu’au moment où le Conseil peut se réunir et statuer définitivement. C’est, à un stade très rudimentaire, une tentative restée presque toujours stérile dans la suite du développement pour investir un fonctionnaire du pouvoir exécutif ; comme nous le verrons par la suite, ce fonctionnaire aura, dans la plupart des cas, sinon toujours, pour origine le chef militaire suprême.