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l’égalité au lieu de la détruire. Il y a des hommes plus habiles, plus intelligents, plus généreux, plus robustes, plus vertueux les uns que les autres ; il n’y a aucun homme qui, par le fait de sa supériorité naturelle, soit créé pour détruire la liberté d’un autre homme et pour renier le lien de fraternité qui unit le plus faible au plus fort, le plus infirme au plus sain, le plus borné au plus intelligent. Une grande intelligence crée des devoirs plus grands à l’homme qui a reçu du ciel ce don sacré d’instruire et d’améliorer les autres ; mais elle ne lui donne point des droits plus larges et, comme la récompense du mérite n’est pas l’argent, comme l’homme intelligent n’a pas des besoins physiques différents de ceux des autres hommes, il n’y a aucune raison pour que cet homme devienne l’oppresseur, le maître et, par conséquent, l’ennemi de ses semblables.

La morale évangélique est éternellement vraie… C’est vraiment la doctrine de l’égalité… La véritable loi de nature, la véritable loi divine, c’est donc l’égalité…

… L’égalité est donc une institution divine, antérieure à tous les contrats rédigés par les hommes…

… Le peuple est souverain, parce que tous les hommes ont un droit égal à la souveraineté ; et tous les actes de cette souveraineté, nouvellement reconnue et proclamée, sont légitimes devant Dieu et devant les hommes, quand même ils ne datent que d’une heure.

… Ce droit est illimité, en ce sens qu’il n’a de limite que dans le devoir. Le devoir est facile à établir sur un principe aussi net et aussi sûr que le droit, c’est que chaque homme a des devoirs envers tous et : tous envers chacun…

Le second article Application de la souveraineté, c’est l’application de l’égalité commence par une récapitulation de la thèse premier.

La souveraineté, c’est l’égalité ; donc, la souveraineté réside dans le peuple et ne peut résider ailleurs que dans le peuple… La souveraineté, c’est le gouvernement de tous. Voilà pour le droit…

Le devoir, c’est l’exercice du droit, et, comme on ne peut concevoir un droit sans usage, le droit et le devoir sont inséparables et indivisibles…

Puis l’auteur continue à développer cette thèse, ainsi que suit :

… La vérité n’est pas modifiable et relative ; elle est avant nous et hors de nous plus brillante qu’en nous. Elle est en Dieu, elle est la loi de l’univers… Mais, si la vérité est immuable, si elle est debout dans l’éternité, le sentiment que nous avons de cette vérité est éter-