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Travailleurs, venez dire ce que vous avez souffert… La société vous doit désormais de sonder vos plaies et d’y porter remède… La société, vous allez y porter la main. Travailleurs, c’est un édifice que vous allez construire pour la postérité. Ne souffrez pas qu’il soit bâti pour quelques-uns seulement, tandis que l’humanité resterait à la porte, nue, affamée, avilie, désespérée…

Dans la seconde partie de ce Bulletin, l’auteur met tout d’abord les citoyens en garde contre des « hommes qui ne craignent pas de répéter que la République va couvrir la France d’échafauds, porter atteinte à la propriété, provoquer des guerres acharnées ».

Blaise Bonnin se souvenait de la chute de la monarchie de Louis XVI et de la proclamation de la première République, dont il avait été témoin dans sa jeunesse, puis des guerres « avec les Autrichiens, Prussiens et autres mondes étrangers n, provoquées par les émigrés, il dit qu’à présent ce danger-là n’existe plus. Et l’auteur du Bulletin n° 8 demande à ses lecteurs s’il doit leur rappeler ces événements, « dont quelques-uns de vous ont été les acteurs et les témoins », et dont « vos anciens peuvent encore raconter les héroïques phases » ; puis il passe à l’exposé des faits historiques et de la position internationale présente, en suivant exactement le contexte de Blaise Bonnin :

… La résistance obstinée des castes privilégiées a seule fait couler les larmes et le sang de la France. Propriétaires exclusifs du sol, exempts de l’impôt, accaparant toutes les faveurs, la noblesse et le clergé voulaient conserver un monarque absolu pour abriter derrière son despotisme leur unique domination. Quand, éclairée par ses écrivains, la nation revendiqua l’égalité pour tous les citoyens, ces deux puissantes corporations prétendirent arrêter son essor. Elles compromirent la royauté en l’associant à leurs intrigues et à leurs aspirations… L’émigration commença. Plus attachés à leurs titres qu’à leur pays, les nobles et les prêtres coururent en foule à l’étranger, sollicitant l’intervention des rois voisins et s’offrant eux-mêmes à déchirer de leurs mains impies le sein de la patrie menacée…

Jadis effectivement, tout le Nord marcha contre la France ; mais cette dernière remporta la victoire quand même. À pré-