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avec une teinte de grâce maniérée, et le texte parle d’une « bergère gardant ses blancs moutons », et rencontrant un « beau cavalier » ou « un berger » qui lui demande un baiser, puis l’oublie et l’abandonne, ou qu’elle oublie elle-même, fort légèrement, dans les bras de Jeannot ou de Colin. Tantôt c’est elle qui se plaint à sa mère de l’infidèle qui brisa son « pauvre cœur» ; tantôt c’est le berger qui se désole parce que Nannette l’a oublié pour les riches présents de quelque beau cavalier. Le texte de quelques-unes de ces chansons est assez grivois, rappelant de banales chansonnettes de café-concert contemporaines, mais les paroles restent sentimentalement maniérées, comme les poses des bergers de Watteau, et la musique sentimentalement mélancolique, comme les romances du siècle de Mme de Pompadour et de Marie-Antoinette, avec leurs couplets répétés, leurs cadences finales et leurs modulations caractéristiques.

La distribution des prix pour les chansons les plus intéressantes et les mieux dites et une bourrée finale à laquelle prirent part, à la joie unanime de tous les assistants, les petites-filles de George Sand, terminèrent les fêtes en son honneur à La Châtre. Le lendemain, devait encore avoir lieu une conférence sur George Sand au théâtre de la ville, mais je voulais garder en leur entière intégrité, toutes brillantes, les impressions vraiment berrichonnes, emporter avec moi des souvenirs d’un caractère local et non pas du genre de tout ce que l’on voit et entend dans toutes sortes de fêtes commémoratives et littéraires. Il manqua donc à cette conférence un auditeur qui passa toute cette journée du lendemain dans le cabinet de travail de George Sand et dans son petit bois favori. Le soir, il quitta la chère grande maison en compagnie de tous ceux qui, comme lui, vinrent en pèlerinage à Nohant pour le centième anniversaire de George Sand.