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de figures levées, écoutant attentivement. Et voici que de toute cette solennité devant la statue de La Châtre, l’impression de cette minute demeure seule dans ma mémoire : la vision de cette blanche statue racontant une de ses fables à cette foule qui l’écoute avidement, tandis que défilent autour d’elle lentement, posément, les types immortels du doux Berry laborieux, chantés par cette muse aux simples histoires…

Les discours sont terminés : la foule nous entraîne ; nous gagnons une autre place de la ville où doit avoir lieu la fête populaire. H y a des carrousels, des balançoires, des gondoles russes (il fallait venir à La Châtre pour apprendre que nous avons en Russie des gondoles de ce genre !) et de la musique, et des drapeaux, et un guignol, et des boutiques, et des baraques, le tout agrémenté par un écrasement infernal, et une chaleur ! Il y avait là de tout ! C’est ici que devait aussi avoir lieu la distribution des prix pour les « coiffes », les danses et les chants berrichons, prix fondés par les petites-filles de George Sand en l’honneur de leur aïeule qui adorait toutes les vieilles coutumes du pays. C’est à grand’peine que nous parvînmes à nous faufiler à travers un écrasement incroyable jusqu’à l’estrade d’honneur réservée au jury et à la famille. Le cortège devait repasser devant cette estrade, mais cela fut jugé impossible. M. Hugues Lapaire, vêtu d’une blouse bleue, grimpa seulement au haut d’un chariot de gerbes et prononça de là la consécration de la Gerhatide du père Rémy, après quoi les gas du Berry jouèrent quelques pièces devant l’estrade.

Alors commença le « concours des coiffes ». Il consistait en ce qu’on appela sur l’estrade toutes les propriétaires de coiffes anciennes. Après d’incroyables efforts pour se frayer un passage, des vieilles et des jeunes, des grandes et des petites Berrichonnes à bonnets arrivèrent devant l’estrade et se placèrent sous les yeux du jury qui adjugea des prix aux coiffes les plus anciennes et les plus typiques. Ce furent d’abord trois antiques bonnes vieilles qui les reçurent, puis une très jolie et très modeste jeune fille, et enfin une adorable enfant aux yeux noirs qui charma tout k monde par son petit air posé et plein de dignité.