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ainsi que M. Monin attribuent à Mme Sand, il nous semble par contre qu’il n’est pas entièrement dû à sa plume, que des locutions, des tours de phrase et leur rythme même, ne nous produisent pas l’effet d’être sortis des « griffes » — ex ungue — de George Sand, En tout cas, ce Bulletin ne doit pas avoir été écrit par elle seule.

Nous croyons donc que Mme Sand écrivit les nos 7, 8, 10, 12 (?), 13, 15, 16, et certains passages des nos 19 et 20 (?).

Dans sa première lettre à son fils, à sa rentrée à Paris, Mme Sand conseillait à Maurice, comme nous venons de le voir, de faire comprendre aux paysans « la nécessité d’un nouvel impôt », et le premier Bulletin écrit par elle (le n° 7), a également pour but de justifier aux yeux du peuple le malencontreux impôt de 45 centimes décrété par ce même gouvernement provisoire qui venait si imprudemment de déclarer, dans son Bulletin n° 2, qu’il considérait comme l’un de ses premiers devoirs de « réduire les impôts, ou du moins de les répartir avec plus d’équité », George Sand tente d’expliquer au peuple que cette nouvelle charge est causée par le désordre financier où se trouvait la France après dix-huit années d’absence de contrôle sous le régime précédent. Mais le nouveau régime ne donne pas seulement de nouveaux droits, il impose encore de nouveaux devoirs. L’auteur du Bulletin parle donc aux habitants des campagnes presque

    en un minuscule in-8° recouvert de papier jaune, et les fit précéder d’une Préface. Nous avons eu la chance d’acquérir ce curieux et rarissime petit livre dont le titre exact est : Bulletins de la République émanés du ministère de l’Intérieur du 13 mars au 6 mai 1848. Collection complète avec une Préface, par un haut fonctionnaire en activité. Prix : 3 francs 50 centimes. Paris. Au bureau central, 6, rue de Bussy. 1848.
    M. Monin, qui doit avoir aussi eu en mains ce livret, dit avec raison que, malgré le mot de « complète », cette collection ne l’est point, mais que la Préface en est curieuse. Remarquons de notre côté que le « haut fonctionnaire » avait indubitablement profité d’une part des indications faites par la comtesse d’Agoult, très au courant de l’histoire intime et de tous les faits et gestes du gouvernement provisoire ; d’autre part, il avait dû posséder des données assez précises sur les actes de George Sand, en général, et en particulier sur la part qu’elle eut dans l’envoi des commissaires et dans les instructions qu’ils reçurent de « républicaniser, agiter et démocratiser la province ».