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désarmez-le, afin qu’on parle bien d’elle après sa mort. C’est de la diplomatie qu’il faut faire, sinon gare[1]… »

Donc, lorsque le 8 juin 1876 la question de l’enterrement de Mme Sand fut soulevée, les uns gardèrent le silence, les autres ne furent pas entendus. Maurice oublia toutes les lettres de sa mère mentionnées plus haut et, quand il apprit qu’elle n’avait rien déclaré formellement à ce sujet dans son testament, il se mit à demander à tout le monde ce qu’il fallait faire.

Maurice se rendait si peu compte que c’était à lui seul qu’incombait le devoir d’agir suivant la volonté et les idées de sa mère qu’il demanda à Papet après l’enterrement : « Es-tu content ? Les choses se sont-elles passées selon ton désir ? À quoi il lui fut répondu : Oui, très content, je trouve que tout s’est passé pour le mieux. »

Solange qui se souciait des croyances de sa mère comme des neiges d’antan, mais qui respectait beaucoup tous les qu’en dira-t-on, profita immédiatement de ces circonstances pour échanger des dépêches avec l’archevêque de Bourges, M. de la Tour d’Auvergne, et obtint l’autorisation d’enterrer Mme Sand selon le rite catholique.

Empruntons maintenant à M. Harrisse le compte-rendu des jours qui suivirent le décès de Mme Sand, et les détails à propos des funérailles :

Dimanche, 11 juin 1876.

Nous étions tous très inquiets, nous communiquant les nouvelles que le docteur Favre envoyait à Dumas et celles qu’Au-

  1. Le docteur Favre parait avoir été très porté à toutes sortes d’ « apparences », de « poses » et de phrases. C’est ainsi qu’au dire de M. Pestel, lorsque la question de l’enterrement fut décidée, le docteur Favre alla à Ars voir Papet et, en parlant des derniers instants de Mme Sand, il dit que « la voyant près d’expirer, il se jeta à genoux et adressa à Dieu une invocation, pour qu’il reçût dans sa miséricorde l’âme du grand écrivain « . Dans sa brochure, mais point dans son manuscrit, M. Harrisse raconte, sans indiquer la source de ce racontar, que « dès que la malade eut rendu le dernier soupir, le docteur Favre se redressa et, levant la main au-dessus du corps de George Sand, il dit avec force : Tant que je vivrai, votre mémoire ne sera jamais souillée. » Quelle misère que cet amour indestructible de phrases et de poses, dont on ne peut se départir même vis-à-vis de cette chose grande et simple qu’est La mort !