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exprima ses regrets qu’on eût érigé ces cénotaphes, préférant, dit-elle, une simple couche de verdure[1].

C’est alors qu’elle déclara sa volonté de n’avoir sur sa tombe que de la verdure, comme il y en avait sur celle de sa grand’mère[2]. Elle m’en dit autant à moi-même un jour qu’en rentrant au château nous passions près du cimetière…

M. Paulin de Vasson décrit de la manière suivante les jours qui succédèrent à la mort de Mme Sand.

J’apprends la mort de Mme Sand au moment d’aller à l’audience où j’ai plaidé trois affaires dont une demande de filiation naturelle basée sur la possession d’état et je cite l’arrêt du Parlement concernant Aurore de Saxe que j’avais lu l’avant-veille, en veillant sa petite-fille. J’étais profondément ému. L’audience finie je dîne à la hâte avec Nannecy aussi triste et silencieuse que moi, et ma fille qui n’était pas d’âge à comprendre. Je pars pour Nohant à 7 heures.

Je trouve dans la salle à manger et dînant plusieurs personnes tout en noir, Maurice suffoquant (et moi aussi). La place de Mme Sand était occupée par… Solange. Puis Mme Simonnet, ses trois fils, M. Cazamajou, Aucante, M. et Mme Boutet, Amie, Plauchut, Papet, Lina et ses deux filles. Maurice avait des effusions nerveuses.

Solange paraissait avoir pris la maîtrise. J’oubliais de mentionner comment dans la nuit de mercredi au jeudi[3] une décision avait été prise à son sujet.

Solange avait été bannie de Nohant. Elle vivait à Montgivray, propriété achetée aux Simonnet. Elle était là toute prête à manœuvrer contre son frère et surtout contre sa belle-sœur. Mme Sand avait fait une faute en lui retirant sa pension et en attisant ainsi sa haine. En l’état si grave de Mme Sand il fallait prendre un parti et c’est pour cela que j’avais dicté à Maurice un billet ainsi conçu : « Notre mère est malade et son état est grave. Les docteurs Papet, Pestel et Chabenat attendent deux médecins de Paris qui arriveront demain matin. Viens,

    transférée de Paris effectivement lors du voyage de George Sand en Italie et érigé par Solange, et celui de ! Marc-Antoine Dudevant, transféré de Guillery vers 1865 et érigé par M. et Mme Maurice.

  1. Nous citons d’après le texte manuscrit ; le texte imprimé est malheureusement tout à fait changé à cet endroit de la narration de M. Harrisse.
  2. Le docteur Pestel a ajouté en note à ce passage : « Mme Sand n’a jamais exprimé de désir ni de volonté formels au sujet de sa sépulture ; elle a plusieurs fois manifesté son goût et notamment à l’occasion des monuments funèbres de sa petite-fille d’abord, de son petit-fils ensuite, disant, dans ces circonstances, qu’elle aurait préféré au marbre de la verdure. »
  3. Du 1er au 2 juin.