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Le médicament ne produisit aucun effet, l’occlusion de l’intestin étant déjà absolue alors.

Bientôt Mme Sand fut prise de coliques. D’abord « elle s’en plaignit avec un certain engouement », dit M. Paulin de Vasson dans ses notes. « J’ai le diable dans le ventre », disait-elle. Vers les 3 trois heures de l’après-midi Mme Sand se sentit très mal. Appelant sa femme de chambre elle lui dit d’aller chercher Maurice, qu’elle n’en pouvait plus et souffrait horriblement. Son fils la trouva étendue sur le canapé, en proie à de ives douleurs[1].

Ce jour-là, dit le docteur Pestel dans ses notes, Mme Maurice et ses filles étaient allées dès le matin à une noce de village avec Sagnier, son mari était resté à la maison. À 4 heures après-midi, quand elle rentra, elle trouva Mme Sand très fatiguée. Elle éprouvait des coliques, des nausées, des envies fréquentes d’aller à la garde-robe, qu’elle ne pouvait satisfaire. Ces symptômes allèrent en augmentant.

Dans la soirée, — écrit le docteur Chabenat, — la malade fut prise de vomissements noirâtres et de coliques atroces. On courut chercher M. Papet, le médecin le plus proche, ami intime de Mme Sand. Il ordonna de la glace à l’intérieur, de grands bains, des onctions sur le ventre avec la pommade mercuriale simple. Les vomissements s’arrêtèrent, mais le ventre resta douloureux…

Depuis le moment de l’arrivée du docteur Papet jusqu’à 4 heures du matin, — raconte le docteur Pestel, d’après le récit de son collègue M. Papet, — la malade souffrit horriblement, poussant des cris aigus qu’on entendait de l’extrémité du jardin. Les nausées étaient continuelles (il y eut plusieurs vomissements), les coliques très violentes, le ventre très sensible à ce point qu’il ne pouvait supporter le poids d’un cataplasme. À partir de 4 heures du matin il y eut une légère rémission dans l’intensité des douleurs…

Le docteur Papet trouva l’état de la malade plus qu’alarmant. Dès qu’il l’eut examiné, il dit à Maurice : « Elle est perdue[2]… »

Le lendemain matin on envoya chercher le docteur Pestel à Saint-Chartier et le docteur Chabenat à La Châtre.

Le 31 mai, je fus appelé à Nohant où j’arrivais à 8 heures du matin, — écrit le docteur Pestel. — Je trouvais en arrivant le docteur Papet qui y avait passé la nuit et qui m’attendait…

  1. Texte imprimé de M. Henry Harrisse dans les Derniers moments et les obsèques de George Sand, souvenirs d’un ami, publié à l’occasion du centenaire de l’illustre écrivain, 1er juillet 1904.
  2. Texte imprimé de M. Henry Harrisse.