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peu mieux, s’il y a lieu. Mais je ne veux pas encore louer pour un mois avant de savoir si je pourrai faire quelque chose ici. Je vais aller voir Pauline. Je viens de faire, en déjeunant, le récit de la fête de Nohant pour la Réforme. Borie en a fait un en déjeunant à Châteauroux, pour le journal de Fleury. Tu les recevras l’un et l’autre et tu feras bien de les lire dimanche, à haute et intelligible voix, à tes gardes nationaux. Ça les flattera. Tu développeras ces articles par des conversations dans les groupes. Tu feras sentir la nécessité de l’impôt pour ce moment de crise. Tu diras que nous sommes très contents d’en payer la plus grosse part et que ce n’est pas acheter trop cher es bienfaits de l’avenir. Voilà ton thème, que tu traduiras en berrichon…

Travaille à prêcher, à républicaniser nos bons paroissiens. Nous ne manquons pas de vin cette année, tu peux faire rafraîchir ta garde nationale armée, modérément, dans la cuisine, et, là, pendant une heure, tu peux causer avec eux et les éclairer beaucoup. Je t’enverrai du Blaise Bonnin[1], qui te servira de thème. Seulement, mets de l’ordre maintenant dans ces réunions, et, s’il le faut, forme une espèce de club, d’où seront exclus les flâneurs et les buveurs inutiles, les enfants et les femmes, qui ne songent qu’à crier et à danser. Pour le moment, c’est tout ce qu’on peut faire. »

Ayant ainsi mis en bon train (le croyant du moins) la propagande dans sa localité, par la voix de son fils, par celle des commissaires envoyés de Paris et enfin par les brochures éditées à la Châtre et à Orléans, George Sand ne tarda pas, à Paris, à agir sur un plus vaste auditoire : elle fonda son propre journal hebdomadaire et promit définitivement son aide au gouvernement provisoire pour la rédaction des Bulletins de la République.

Ces Bulletins, le gouvernement décida de les faire afficher périodiquement à Paris et dans les grandes villes ainsi que dans les communes rurales, afin de « donner non seulement une aide matérielle, mais mieux encore un aliment spirituel » à ces habitants des campagnes et ouvriers des cités industrielles pour lesquels commençait une vie nouvelle, « avec sa morale, ses lois et ses obligations », auxquels n’arrivaient jusqu’à ce jour ni enseignement, ni conseils, ni sympathies, ni leçons et pour lesquels la presse même… était muette » ; à présent le gouver-

  1. V. plus haut la note à la p. 30.