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on me l’a dit ce soir, il viendra certainement. Il l’aimait beaucoup et lui a témoigné dans sa maladie le plus grand intérêt.

Moi je ne peux pas encore me reposer, j’ai trop perdu le sommeil pour le retrouver tout de suite ; mais je ne suis pas du tout malade, j’ai bien de la force. Je pense toujours vous aller voir dans huit jours. Il faudra après-demain que je voie aux affaires avec Boutet. Tout est en ordre, mais il faut prendre connaissance de tout, et que je sois mise en possession du petit avoir qu’il nous laisse. J’y ai mis du mien aussi, mais sous son nom, afin que ce soit bien à toi, sans partage avec personne. Je ne sais pas quelles formalités il y aura à remplir, si tu dois signer une acceptation. Je saurai cela.

Dis à Marie Caillaud que j’ai à elle des papiers qui constituent les titres de propriété de ses petites économies. Elle avait chargé Maillard de les faire valoir et tout cela a dû être très bien fait. À sa mort Manceau a repris les titres. Il faut qu’elle me dise ce qu’il faut en faire. Je ne peux pas me charger de cela, n’entendant absolument rien aux affaires, et Boutet, qui est écrasé d’occupations, n’a pas de raisons pour prendre ce nouveau soin. Qu’elle me dise donc si elle a quelqu’un à Paris à qui elle veut que je remette ses titres ou s’il faut les lui envoyer. Il faut qu’au plus tôt ils soient dans les mains de la personne qui surveille ses intérêts.

Bonsoir, mes enfants chéris, ne soyez pas inquiets de moi, je suis bien entourée, et j’ai des domestiques d’un dévouement parfait. Je vous aime et j’irai revivre en vous embrassant.

À Lina.

Ma fille chérie, comme la vue de Maurice m’a fait du bien ! J’ai enfin pu pleurer à cœur ouvert, il m’a aidé à conduire au cimetière ce pauvre cher ami ; je m’en retournerai avec lui, dans trois jours, quatre tout au plus, je compterai parcimonieusement les heures où je te sépare de lui et où je te laisse seule, ma pauvre petite ! Je suis si brisée de fatigue et si ahurie d’esprit que je ne peux pas partir demain, sans cela je partirais. Je me dépêcherai, sois-en sûre ; c’est toi qui, la première, lui a dit : « Va chercher ta mère ; » je le sais, je t’en remercie et je te bénis. Maurice va bien.

À Lina.
Palaiseau, 25 août 1866.

Ma fille chérie, Maurice t’écrit de son côté à Paris, que nous partons pour te rejoindre dimanche matin ; je ne pourrai passer cette fois avec vous qu’une quinzaine.