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Elle s’empressa d’annoncer ce jour même son arrivée à bon port à ses enfants :

Mes chers enfants, me voilà installée à Palaiseau après avoir bien dîné et contemplé la maisonnette qui est ravissante de propreté et de confortable. Je ne suis pas fatiguée ; J’ai une bonne chic, le jardinet est charmant, quoi qu’en dise Manceau : c’est une assiette de verdure avec un petit diamant d’eau, au milieu, le tout placé dans un paysage admirable, un vrai Ruysdael. C’est très joli et la maison est commode au possible. Je vous dirai les avantages et les inconvénients de la vie ici quand je les saurai, mais l’habitation est parfaite. J’ai passé une heure dans mon logement de Paris ; figurez-vous un wagon divisé en trois pièces ; mais c’est charmant tout de même, une maison flambant neuve, propre, reluisant comme une assiette qu’on vient de laver. J’ai vu Maillard qui m’attendait à une gare et qui m’a conduite à l’autre (peu distantes l’une de l’autre) ; avec une grande heure passée dans le logement de Paris où j’aurais eu le temps de dîner, si j’avais eu faim, nous nous étions rendus à 3 heures dans la cambuse de Palaiseau. Vous voyez que tout ça n’est pas loin.

Maillard a reçu l’argent de Maurice et lui a écrit ce matin.

Dites-moi si la lettre de ce matin (de Guillery) vous appelle tout de suite ou vous retarde de quelques jours, tenez-moi au courant… Manceau envoie ses hommages à Mlle Carabiac et bige Bouli et Cocoton. Amitiés à Marie.

Palaiseau, 14 juin 1864.

Je ne sais pas, mes enfants, si vous n’êtes pas au milieu des paquets jusqu’au cou. Je pense que demain j’aurai de vos nouvelles et que je saurai si vous filez droit sur Nérac ou sur Nîmes.

Je ne peux encore rien vous dire de la vie à Palaiseau. Je sais que l’endroit est charmant, la mangeaille très bonne, la petite maison très comme et qu’on y a toutes ses aises. Mais je n’ai encore fait que déballer et ranger. On y dort bien, c’est le silence de Gargilesse la nuit comme le jour… On y héserbe à la main des champs de légumes à perte de vue… Les arbres sont superbes, les prés et les blés splendides, et la culture excessive n’empêche pas que sur les marges des sentiers et des ruisseaux il n’y ait beaucoup de plantes. J’ai fait un petit tour ce matin et j’ai déjà rapporté des consoudes roses, bleues et lilas que nous n’avons pas chez nous. Ce que je voudrais vous envoyer, c’est une spirée rose de mon jardinet, qui est un arbuste ravissant…

Puis viennent des instructions par rapport à un ananas qu’on devait ne pas trop laisser mûrir dans les serres de Nohant pour