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darité intime vous accompagne comme un parfum de l’air natal et vous ramène bientôt à vos amis anciens.

Laissez-nous en finissant vous remercier de ce qu’il y a pour nous de plus particulier dans vos écrits. Nous y retrouverons avec bonheur l’image fidèle et cependant embellie de la terre de notre enfance, de nos pères, leur honnêteté, leur indépendance, leurs vertus modestes. En la comprenant mieux, nous l’aimons davantage et par ce petit coin, comme par le foyer de famille, nous nous attachons avec plus d’ardeur à la grande patrie.

Surtout personne n’a su ainsi que vous, madame, honorer le travail et la dignité du pauvre aux champs ou à la ville, consoler, ne fût-ce que par de beaux rêves, ceux qui portent courageusement la peine de chaque jour. Vous leur avez consacré tout un livre, le Compagnon du Tour de France, Par l’enseignement de l’exemple vous nous avez prêché la sagesse avec le dévouement, le devoir avec la justice. Vous nous avez révélé l’ensemble, l’humanité et la nature. Nous vous devons la patience et l’espoir.

Fermes dans la même foi, nous avons dans les temps difficiles suivi le même drapeau. Aujourd’hui que, seul ou le premier, l’auteur de Mademoiselle La Quintinie lutte et triomphe encore pour la vérité contre les idées rétrogrades, nous nous rangeons de nouveau avec lui au nom de la liberté.

Pourrions-nous mieux faire que d’emprunter vos propres paroles pour vous saluer de nos derniers souhaits :

« Ils se souviendront que tu fus leur mère féconde, leur nourrice robuste et leur église militante. Ils répandront ce baume sur tes blessures et ils te feront de la terre rajeunie et embaumée un lit où tu pourras enfin te reposer.

« En attendant le jour du Seigneur, torrents et forêts, montagnes et vallées, landes qui fourmillez de petites fleurs et de petits oiseaux, chemins sablés d’or qui n’avez pas de maîtres, laissez-la, laissez-la passer la bonne Déesse, la Déesse de la pauvreté[1] ! »

Collot, drapier ; Cornette, ébéniste ; Bruneau, cordonnier ; Bougeriot, serrurier ; Lelièvre, Édouard ; Vallet ; Moreau ; Guillemat ; Salmon ; Lebeau ; Zalade Lour ; Bahuet ; Mercier ; Renard ; Daud ; Frédéric ; Pibot, sabotier ; Cluvau ; Béjard, charbonnier ; Robin-Levert ; Pierre Julot, sabotier ; Despruneaux ; Me Trotignon ; Robin-Petit.

La Châtre, 6 juin 1864.
  1. Paroles tirées de la ballade la Bonne déesse de la pauvreté, composée par Consuelo, (Voir notre vol. III, chap. iv.)