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Donc à Paris informez-vous de nous, rue des Feuillantines 97, où j’ai une chambre, et laissez-y votre adresse pour que je vous retrouve, si ce jour-là je suis en course. Mon vrai pied-à-terre sera à Palaiseau. Mais j’ignore si j’y serai installée alors… Peut-être Lina sera-t-elle à Paris en même temps que moi avec son poupon qui est ravissant. À vous de cœur, mes chers enfants, amitiés de Manceau.

G. S.

Si la cause réelle de ce changement d’existence doit être attribuée au désir de Mme Sand de mettre le jeune ménage dans la nécessité de diriger seuls leur maison et leur propriété, aussi bien qu’à son envie de se créer un asile, de fuir Nohant pour travailler (ainsi qu’elle le fit en 1840-41, où elle resta une année entière à Paris, sans aller à Nohant, et plus récemment, en 185862, à Gargilesse), ce départ de Mme Sand fut amené aussi par une circonstance particulière. La santé de Manceau l’inquiétait de plus en plus, les symptômes phtisiques devenaient chaque jour plus évidents. Les consultations des célébrités médicales de Paris s’imposaient. En dehors de cela il y eut une histoire assez désagréable à Nohant : les rapports entre Maurice et Manceau — depuis longtemps cordiaux de la part d’un seul — s’envenimèrent soudain tout à fait. Marie Caillaud fit naître ce différend. Comme tous les serviteurs trop gâtés par leurs maîtres, elle se permit un jour de ne pas remplir un ordre. L’un des deux jeunes gens prit son parti, l’autre se fâcha. Une querelle s’ensuivit, rappelant celle de Maurice et de Chopin. Manceau quitta immédiatement Nohant et partit pour Paris. Si Mme Sand le suivit ce ne fut pas, comme on le prétendit plus tard, par crainte qu’on ne fît des comparaisons entre les événements et les faits qui s’étaient passés lors de la maladie et la mort de Chopin, mais pour une raison d’un ordre bien plus élevé : Maurice était père de famille, il n’avait plus besoin de sa mère comme autrefois. Le pauvre malade, au contraire, avait besoin d’elle, il était menacé de mourir seul, lui qui avait voué sa vie au bien-être de Maurice et de Mme Sand. Cette dernière ne le voulut pas. Elle tint à ce que sa chère Lina ne sût pas la vraie cause de ce départ précipité, déclara qu’elle aban-