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aides politiques les plus actifs, les plus fervents de Mme Sand. Ils portèrent immédiatement la peine encourue pour une opinion aussi répréhensible au point de vue des bons bourgeois provinciaux. À la Châtre tous les réactionnaires et ceux qu’on nommait les modérés, c’est-à-dire tous ceux qui étaient immodérément horripilés par les événements, commencèrent à remuer et à agir : à préparer le terrain pour faire élire à l’Assemblée nationale des députés désirables, c’est-à-dire les moins dangereux, et aussi à fane répandre des calomnies sur le compte des progressistes et à exciter tout doucement la population contre eux.

« … Braver des criailleries n’est rien du tout, pas plus pour un homme, je pense, que pour une femme », écrit Mme Sand le 14 mars, à la Châtre[1] à Charles Duvernet, auquel les réactionnaires promettaient de faire entendre un charivari, ainsi qu’à Victor Borie. « Mais je trouve que, pour le moment, il n’y a rien à faire, parce que le peuple est mis hors de cause à la Châtre, que le club devient une question de personnes, et qu’on ne pourrait prendre le parti du principe sans avoir l’air d’agir pour des noms propres. Bonsoir, mon ami, courage quand même ! la République n’est pas perdue, parce que la Châtre n’en veut pas !

Mme Sand concluait donc que ses amis ne devaient pas prendre la défense de leur parti, ne pas se mêler des tripotages de cette aimable petite ville et la laisser faire.

Mais cette prétendue indifférence pour les petites intrigues locales ne signifiait aucunement que George Sand avait consenti à voir marcher les choses au gré des conservateurs de la Châtre ou de toute autre ville de la France. Bien au contraire ! Elle décida d’agir sur l’esprit des masses et des électeurs.

À cette fin elle se mit primo à faire, de toutes ses forces et le plus réellement du monde, par Maurice, par Charles Poncy et par une foule d’autres adeptes, de la propagande des idées politiques et sociales les plus avancées et à préparer les élections,

  1. Cette lettre est datée de « Paris » dans la Correspondance. Mais le 14 mars elle était encore à Nohant ; c’est donc le 14 mars, Nohant ou le 24 mars. Paris, qu’il faut lire.