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autoriser la représentation. Il faut que cela aille plus haut, c’est-à-dire au ministre qui renverra au général Ladmirault ; c’est à mourir de rire. Mais je ne consens pas à tout cela et j’aime mieux qu’on se tienne tranquille jusqu’à nouvel ordre. Si le nouvel ordre est la monarchie cléricale, nous en verrons bien d’autres. Pour mon compte, ça m’est égal qu’on m’empêche, mais pour l’avenir de notre génération…[1].

Nohant, 9 janvier 1873.

B… (Plauchut) ne se rend aucun compte de mon aversion pour le combat et de mon absence d’illusions. D’après ce qu’il m’a raconté de votre entretien avec Duquesnel et vous avant son départ de Paris pour Nohant, j’ai compris (s’il a bien compris lui-même) que 1° La Quintinie ne pouvait aboutir cette année et que ce n’était la faute à personne de nous : c’est la faute au parti sacerdotal. S’il y avait devoir de lutter contre lui en ce moment, je lutterais malgré mon horreur pour le combat. Le devoir jusqu’à la mort et le repos après. Mais, selon moi, mon devoir est de me tenir tranquille. Que dirais-je à Jules Simon ? « Risquez tout pour me satisfaire. » Il me répondrait : « Encourager le combat dans ce moment où nous tenons à un fil, c’est précipiter une crise qui aura peut-être pour dénouement le ministère de Mgr Dupanloup. » Et comme je lui dirais, moi : « Ne risquez point cela pour moi, » notre explication serait parfaitement inutile. Attendons et ne pensons pas à La Quintinie.

Quant à la reprise de Mauprat, c’est à Duquesnel de juger si elle peut lui être avantageuse dans une situation où il lui faut un grand succès à tout prix. S’il en juge autrement et qu’il l’ajourne, il fait bien, et je l’engage encore une fois à sauver l’Odéon sans se tourmenter de moi. Si après lui avoir rendu le service de plaider sa cause[2] j’exigeais qu’il se ruinât pour m’en récompenser, mon exigence serait injuste et le service rendu ne serait qu’un calcul égoïste dont il aurait le droit de ne pas me savoir gré… »

Un peu avant l’époque où Mme Sand écrivit le roman de MademoiseUe La Quintinie, vers 1860, elle s’était reprise à correspondre assidûment avec Sainte-Beuve. D’abord elle s’était

  1. C’est nous qui soulignons. — W. K.
  2. C’est aux démarches faites en 1872 par Mme Sand auprès de Jules Simon en faveur de Duquesnel et de l’Odéon, alors à la veille de la ruine causée par les troubles de l’année terrible, ainsi qu’en faveur de Berton malade, que se rattache l’épisode raconté dans notre volume I : comment George Sand et Jules Sandeau passèrent une heure entière dans l’antichambre du ministre sans se reconnaître.