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Et encore deux mois plus tard Mme Sand écrit à Ed. Rodrigues :

…En fait de jouissance musicale, je n’ai que le chant de ma petite belle-fille italienne, mais elle en vaut cent. C’est la voix la plus délicieusement fraîche et veloutée qui existe et un sentiment d’une individualité exquise. Chez elle le chant révèle tout l’être. Avec cela, elle coud elle-même toute une layette à elle seule. Elle s’occupe d’histoire naturelle avec son mari et moi, et elle s’apprête bravement à nourrir son enfant…


Lorsque cet enfant — Marc-Antoine Sand — était déjà né et que Mme Sand, séjournant à Paris, visita Mme Arnould-Plessy dans sa loge lors de la première de Penharvan, elle raconta, dans une lettre à Maurice et à Lina, comment on la questionna sur sa « Lina « et comment elle répondit :

…Elle m’a fait mille questions sur vous et tout le monde aussi : « Mme Maurice est-elle artiste ? Est-elle intelligente ? S’intéresse-t-elle aux occupations de son mari ? » — « Oui, certainement, elle chante comme un amour et réconcilie son mari avec la musique, et puis elle s’intéresse à tout ce qu’il fait et même à la science, et elle connaît déjà les coquilles fossiles comme un vieux professeur, et ça ne l’empêche pas de nourrir son mioche aussi bien qu’une vraie paysanne, et de se relever la nuit, et d’ourler ses langes et de tailler ses brassières, etc. » Alors on fait des cris d’admiration et Fromentin s’extasie…


En 1863 George Sand dédia à sa jeune bru son roman Laura ou Voyage dans le cristal où s’était reflété l’expansion de l’auteur non plus pour la botanique, mais la minéralogie et la géologie et où elle parle, sous la forme d’un conte fantastique, de géodes, de druses, de cristallisations et autres choses scientifiques. Cette dédicace est non seulement l’expression du tendre attachement de l’auteur pour la jeune femme de Maurice, mais c’est aussi l’écho des études communes « en géologie » des deux femmes, dirigées par leur mari et fils.

« Vous trouverez dans ma Lina une adepte coiffée aussi de géologie et de fossiles », écrit Mme Sand le 7 février 1863 à Louis Maillard.

Et les expressions de tendresse, les mots émus, les épithètes