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préparatifs de départ pour Nohant, où Maurice me rejoindra pour attendre votre arrivée. Quelle charmante lettre tu m’écris, ma diavolina ! Oui, j’en suis sûre, tu veux nous rendre heureux. Cela t’est bien facile, ma chérie, il ne s’agit que d’être heureuse toi-même, puisque nous n’avons pas d’autre pensée et d’autre besoin que celui-là. Si tu es l’enfant terrible, tu sais aimer. J’aime mieux l’énergie du cœur et de la tête que la moutonnerie de l’habitude et l’absence de volonté. Si tu crois en nous et si tu nous confies ta vie, c’est que tu nous aimes de ton propre mouvement et sans être influencée par des convenances vulgaires.

Dieu nous tiendra compte à tous trois de notre foi, car le mariage est un acte de foi en Lui et en nous-mêmes. Les paroles du prêtre n’y ajoutent rien. Elles sont là pour la forme, car bien souvent il ne croit pas lui-même à ce qu’il dit. Nous nous entendrons sur ce point, nous autres, et à l’église, pendant que le prêtre marmottera, nous prierons le vrai Dieu, celui qui bénit les cœurs sincères et qui les aide à tenir leurs promesses. Qu’il me tarde de t’embrasser, ma chère fille. Et ton bon père aussi que j’aime tant. Embrasse-le pour moi en attendant et reçois toutes les bénédictions de mon cœur.

George Sand.
Jeudi.

Après-demain soir je serai à Nohant[1].

En annonçant le mariage prochain de Maurice à son vieil ami Armand Barbès, George Sand lui écrivait :

Je veux vous annoncer le prochain mariage de mon fils avec la fille de mon vieux et cher ami Calamatta. C’est une charmante enfant et un esprit généreux. Cette union est un vœu de mon cœur enfin accompli.

Et à sa sœur naturelle Mme Caroline Cazamajou, George Sand écrit à son retour de Paris, après le mariage :

Je te disais que le mariage devait avoir lieu, il y a eu aujourd’hui quinze jours. Nos jeunes mariés sont déjà très habitués à leur nouvelle situation qui leur plaît mutuellement, car ils n’ont pas voulu venir passer quarante-huit heures avec moi à Paris, d’où je suis arrivée hier. Je les ai trouvés bien portants, travaillant ensemble et très gais. Je suis bien heureuse, ma nouvelle fille est charmante et nous nous

  1. Inédite.