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George Sand et Dumas dont la partie la plus intéressante se rapporte à 1860-1863. Ces lettres nous renseignent complètement sur la ce véritable histoire du Marquis de Villemer », tant de fois racontée et commentée de toutes les manières, mais en réalité restée ignorée, inconnue ou — ce qui pis est — faussée. De plus, il y a parmi ces lettres des pages qui sont comme le résumé de la vie morale et intellectuelle de George Sand pendant ces douze dernières années ; elles sont importantes aussi comme l’expression de son opinion sur son « fidèle tête-à-tête » Manceau.

Quoique lié d’amitié avec Mme Sand dès 1851, Dumas fils n’est venu pour la première fois à Nohant que le 9 juillet 1861 et il y est resté jusqu’au 10 août. Il était à ce moment malade, nerveux, très abattu après l’échec de l’une de ses pièces, les complications de sa vie intime et les ennuis de sa vie d’écrivain, pourtant si « veinarde ». Mme Sand — qui lui avait déclaré, dès l’article qu’il écrivit sur Flaminio, en imitant le parler de miss Barbara[1] : « je adopte vous pour un fils de moâ, » — tâcha de remonter le moral à ce « cher grand fils lumineux », alors pessimiste et découragé, de lui rendre avant tout la confiance en ses propres forces. Elle s’efforça aussi à lui insuffler la foi à l’idéal et l’optimiste panthéisme auquel elle était arrivée. En septembre, Dumas revint encore une fois à Nohant, accompagné cette fois par Mme Narishkine et Mlle Olga Narishkine, ainsi que par le peintre Marchal. Ces dames étant parties, Dumas resta jusqu’au 9 octobre, en compagnie du peintre Véron, qu’on nommait V’ron et de Mlle Marie Lambert, du Gymnase, portant le sobriquet de Mlle Drac, en allusion à cette œuvre de Mme Sand, dédiée à Dumas.

Dumas s’était beaucoup plu à Nohant, cette vie simple, partagée entre le travail et les amusements naïfs, la bonne humeur qui régnait entre tous les habitués de la maison, l’amitié de Mme Sand et l’admiration enthousiaste de Manceau lui rendirent le calme moral, et finalement ce séjour lui fit le bien qu’il en attendait. Dès sa première venue, Dumas avait emporté avec lui

  1. L’Anglaise qui remplace, dans cette pièce tirée de Tévérino, le curé si comique et si sympathique du roman.