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méchancetés et tous les désagréments possibles à sa belle-fille[1].

Ce roman est dédié à Edouard Rodrigues, ex-saint-simonien, très riche, mécène et amateur de musique qui fut l’aide de George Sand dans une quantité de bonnes œuvres, comme par exemple l’éducation d’enfants pauvres, le soutien de jeunes gens nécessiteux, la distribution de petites sommes à cette troupe de malheureux qui fourmillait toujours près de George Sand, vrais ou prétendus indigents qui exploitaient sa confiance.

George Sand écrivit en tête d’Antonia :

À monsieur Edouard Rodrigues.

À vous qui adoptez les orphelins et qui faites le bien tout simplement à deux mains et à livre ouvert, comme vous lisez Mozart et Beethoven.

Dans ces lettres à Rodrigues, Mme Sand écrit qu’elle aurait voulu lui « dédier non pas Antonia », mais un roman « qui exprime mieux une idée générale et personnelle en même temps »[2], c’était Mademoiselle La Quintinie, qu’elle écrivait alors, mais elle « n’a pas osé », ne voulant pas « mêler le nom de M. Rodrigues au torrent d’injures que certaine presse va vomir contre elle »[3], et aussi, paraît-il, pour ne pas dédier à Rodrigues un roman « à tendance », lui qui appréciait surtout en elle la consolatrice venant dissiper par son divin talent les tristesses et les dégoûts de notre existence, tandis qu’elle s’estimait surtout un soldat, un champion de la vérité.

Je suis soldat, lui écrit-elle un autre jour, et mon devoir est la guerre quand l’on envahit la patrie de mon idée[4]

George Sand fut néanmoins profondément émue en apprenant quelle influence bienfaisante elle avait exercée sur M. Rodrigues :

Mon cœur est tout pénétré, monsieur, de cette amitié si bonne et si vraie que vous me témoignez. En me la révélant, mon cher Alexandre

  1. Voir notre vol. I et l’Histoire de ma vie, vol. III.
  2. Lettre du 17 octobre 1862.
  3. Lettre du 23 octobre 1862.
  4. Lettre du 27 octobre 1862.