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les nécessités dramatiques lui enlèvent de la vérité, du naturel. L’unité de lieu entraîne certaines impossibilités fâcheuses. Xous voyons, entre autres, Diane de Xaintrailles arriver chez la marquise de Villemer à une heure matinale impossible. Nous regrettons aussi de voir la lettre si incomparablement écrite de la duchesse de Dunières et cette charmante vieille dame elle-même remplacées par le personnage volontairement comique et les propos burlesques du duc de Dunières. Tout ceci fait s’envoler la fine analyse psychologique des sentiments, des états d’âme que George Sand savait peindre si excellemment.

Nos lecteurs trouvent peut-être que nous jugeons trop sévèrement cette pièce[1] et se demandent comment elle a pu avoir un tel succès. Nous croyons que ce succès est dû au roman. Mais justement ce qui fait le charme du roman ne se retrouve pas dans la pièce. Pour nous c’est le premier acte qui est le mieux réussi ; la couleur du roman y est mieux maintenue, ainsi que la fidélité des personnages aux types qu’ils représentent dans le roman ; enfin la plupart des dialogues sont gardés tels que.

Il est douteux que George Sand ait pu travailler autant en ces années, si elle ne s’était périodiquement retirée dans « son village », à Gargilesse. Or, ces excursions aux bords de la Creuse eurent une autre signification pour l’œuvre de l’écrivain. Les légendes et les récits sur le château de Briantes lui suggérèrent l’idée d’écrire les Beaux Messieurs de Bois Doré. Le château de Sarzay lui servit de prétexte pour écrire un autre roman dont l’action se passe à Gargilesse même et dans les environs. C’est la Famille de Germandre qui parut en 1861.

Dans l’une de ses Promenades autour d’un village. George Sand avait raconté comment elle et ses compagnons avaient découvert une curieuse famille de gentilshommes ruinés descendants de la brillante maison des Montmorency-Fosseux, devenus paysans et vivant à Gargilesse où l’on pouvait entendre un simple

  1. Nous analysons la pièce à la suite du roman, ici, pour ne plus y revenir, quoique la comédie ne fût jouée qu’en 1864, et par cela même revient au chapitre suivant, où l’on trouvera les détails sur les premières représentations et sur les causes réelles de son succès.