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elle abdique toute haine pour les sciences naturelles et « les gens qui se promènent sans gants ». Elle s’efforce même de tenter Émilius par l’offre de sa grande fortune. Cette fortune faciliterait ses recherches biologiques et physiologiques. Mais, hélas ! le savant reste fidèle à son unique passion : la science ! Il dit franchement à Flavie que ses charmes ne l’enchaîneraient pas longtemps, qu’elle a besoin d’un amour et d’une adoration non partagés, exclusifs ; s’il l’épousait il la rendrait malheureuse ; ne le voulant pas, il la repousse. Ce coup terrible devient néanmoins pour la jeune fille jusqu’alors dominée par un amour-propre excessif la cause d’un changement moral bienfaisant. Il lui révèle le prix des choses et lui fait comprendre quel est le vrai bonheur de la femme. Elle abandonne ses caprices, sa légèreté, ses flirts et finit par épouser, non pas le savant Émilius, mais M. Émile Vaureponne, décidée à devenir son épouse dévouée et fidèle. Quant à lord Malcolm, lui aussi guérit de son amour pour cette jeune personne inquiétante et trouve le bonheur en se mariant avec sa petite cousine Anna qui l’adore depuis son enfance.

Peu de nouvelles de George Sand sont écrites avec plus de grâce, de verve, d’esprit ; peu sont aussi remplies de fines observations que Flavie. Elle respire la fraîcheur comme si elle avait été écrite hier ; ni Mme Gyp, ni M. Marcel Prévost — qui reproduisent si incomparablement le jargon et toutes les allures des jeunes demoiselles contemporaines, sportives, pleines d’aplomb et d’amour-propre, — n’auraient pu rendre avec plus de précision et de drôlerie le style alerte, typique et personnel en même temps de Flavie dans ses lettres : le roman est écrit sous forme de lettres. Quant à l’idée générale du roman, c’est un des thèmes favoris de George Sand : le changement, l’élévation, la renaissance d’une âme sous la bienfaisante influence du véritable amour ; et en même temps la suprématie des hommes adonnés aux grandes idées, à l’étude, sur les gens qui ne sont occupés que de leur propre moi.

Nous trouvons la même idée dans Jean de la Roche. Dans la Préface même — qui est une réponse au livre indigne de Paul