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J’avais grande envie aussi de cette chaumière, bien qu’elle ne réalise pas mon ambition pittoresque. Vingt autres sont plus jolies ; mais c’est la seule en vente, et j’allais m’en emparer… Mais notre ami réclame la priorité de l’idée. Il nous demande de lui laisser arranger cette chaumière à son gré et de devenir ses hôtes dans nos excursions sur la Creuse. Nous retirons nos prétentions.

Il échange quelques paroles avec Mme Rosalie. Le voilà propriétaire d’une maison bâtie à pierres sèches, couverte en tuiles, et ornée d’un perron à sept marches brutes ; d’une cour de quatre mètres carrés ; d’un bout de ruisseau avec droit d’y bâtir sur une arche, plus d’un talus de rocher ayant pour limite un buis et un cerisier sauvage.

À partir de ce moment, je vois bien que l’insouciant Amyntas n’est plus le même.

Après le souper, car nous n’avons dîné qu’à neuf heures, le voilà qui lève des plans, qui mesure ses deux petites chambres, plante en imagination des portemanteaux, creuse des armoires dans l’épaisseur de son mur, et dit à chaque instant : Ma maison, ma cour, mon rocher, mon buis, mon cours d’eau, mes voisins, mes impôts, — il en aura pour deux francs vingt-cinq centimes ! — mes droits, mes servitudes, mon acte, ma propriété, enfin ! C’est tout dire !

— N’en riez pas, dit-il ; qui sait si ce n’est pas là que, par goût ou par raison, je viendrai terminer mes jours ?

Ah ! qui sait, en effet ? La même idée m’était venue pour mon compte, quand je lorgnais cette splendide acquisition à laquelle il me faut renoncer.

Mais l’aimable acquéreur s’en fait un si grand amusement, que je suis dédommagée de mon sacrifice.

Revenue à Nohant à la nuit tombée le 14 juillet, Mme Sand repartit pour Gargilesse le 26 juillet, avec Herminea seule, car

… Parthénias était dans le Midi [chez son père à Guillery] et Amyntas est parti avant-hier pour son village, afin de mettre les ouvriers en besogne à sa villa. Il nous permet cependant d’y passer encore une bonne journée avant de leur céder la place…

Cette fois on passa à Gargilesse trois jours ; on y rencontra le peintre Grandsire qui dessina beaucoup de sites dans les environs de Gargilesse et esquissa un petit tableau représentant le

    seau. Il fut dédié à Manceau. (Voir plus loin chap. xii.) Nous en possédons l’autographe qui nous fut donné par M. Émile Aucante. — W. K.