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jours à Paris afin de s’entendre avec des éditeurs et des directeurs de théâtre[1] avant de rentrer à Nohant.

Le changement d’air, le pays étranger, les œuvres d’art, les impressions surtout de la vie italienne, très différentes de celles de son premier voyage (1833-34), aidèrent Mme Sand à combattre son chagrin. C’est en Italie qu’elle se remit au travail. D’autre part l’intensité même de sa douleur lui fit recevoir avec calme la nouvelle de la mort de son ami le Malgache (Jules Néraud), survenue en avril 1855. Elle avait, selon son ancienne habitude, collectionné pour lui des plantes rares aux environs de Marseille et de Rome. Dans sa lettre à Ernest Périgois, gendre de Jules Néraud — (marié à sa fille Angèle et devenu vers cette époque l’ami de toute la famille Sand) — Mme Sand disait qu’avant de partir en Italie elle avait relu les lettres de son cher Malgache et que l’idée lui était venue d’en publier une partie, avec son autorisation, comme appendice à l’Histoire de ma vie.

Dans sa Correspondance imprimée et dans son Histoire, George Sand dit que lors de sa double douleur le livre de Jean Reynaud Terre et Ciel[2] lui fut d’une grande consolation. Les doctrines philosophiques de l’auteur se rattachaient aux doctrines qui avaient régné sur son esprit et la firent revenir à son point de départ, la philosophie de Leibnitz. Ce qui lui fut précieux dans le livre de Reynaud ce sont les preuves de l’immortalité de l’âme, la doctrine du développement progressif, de l’ascension graduelle de chaque âme individuelle, c’est-à-dire l’immortalité personnelle et les étapes par lesquelles passe chaque âme pour se rapprocher du Principe Divin. Cette croyance adoucit la douleur aiguë de la double séparation qu’elle venait de subir. Que de deuils depuis 1848 ! Hippolyte Chatiron, Chopin, la tante Maréchal, Gabriel de Planet, la petite Jeanne et Néraud[3]. Et si Mme Sand, cruellement éprouvée par les dou-

  1. Lettres inédites de Mme Sand à Maurice du 23 mai, adressée à Tourin, du 10 juin à Toulon, des 17, 26, 26 et 29 juin à Guillery.
  2. Terre et Ciel, par Jean Reynaud. Paris, Fume, Jouvet et Cie, in-8°, 1855.
  3. Hippolyte Chatiron mourut le 26 décembre 1848, Chopin le 17 octobre 1849, Mme Maréchal le 8 mai 1851, Gabriel de Planet le 30 dé-