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l’idée de voyager et de quitter temporairement Nohant[1]. Mme Sand donne à Victor Borie le détail suivant, qui ne manque pas de valeur biographique et caractérise la manière d’être de ceux qui entouraient alors Mme Sand. Elle affirme ne pas pouvoir accepter les conditions offertes par la Revue de Paris, avec laquelle Borie était en pourparlers, étant trop gênée pour le moment sous le rapport financier, elle ajoute :

Je me prépare au départ pour Paris et l’Italie. Sans Manceau, qui me prête sa pauvre petite bourse, il me serait bien impossible de bouger avec tout ce que j’ai à payer avant de partir. Ce qui m’effraye ce n’est pas d’être sans le sou, j’y suis habituée ; c’est de me sentir incapable de travailler depuis la mort de cet enfant. Si je restais comme cela, il me faudrait pourtant bien secouer le fardeau qui pèse sur mes épaules… Maurice part, je crois, après-demain…

Le 23 février elle annonce à Maurice, déjà parti à Paris, que :

Manceau, qui a définitivement fini son image, commence à ranger, écrire, étiqueter tout ce qu’il faut mettre en ordre pour le départ. Je l’aide et nous ne tarderons pas à te rejoindre…

Le 26 elle lui dit :

Cher enfant, nous partons toujours le 28, la malle pour l’Italie est faite, je fais demain celle pour Paris afin de n’avoir pas à refaire des paquets…

Le 28 février 1855 George Sand et Manceau quittèrent donc Nohant, Maurice les rejoignit à Paris et, tous les trois, gagnèrent le Midi de la France, puis l’Italie, Mme Sand visita de nouveau Nîmes, Marseille, Toulon, et, par Gênes, Pise, se rendit à Rome et séjourna assez longuement aux environs de Frascati. Maurice ne resta que peu de temps, il fit un tour en Suisse et dans le Dauphiné, après quoi il alla chez son père à Guillery où il demeura jusqu’en juillet ; Mme Sand et Manceau quittèrent Frascati le 20 mai, ils revinrent par la Spezzia, Gênes et passèrent quelques

  1. Lettres inédites de Mme Sand : à Victor Borie du 16, à Maurice des 23 et 26 février 1855 et lettres imprimées : à Édouard Charton du 14 février, à Augustine de Bertholdi idem, à Maurice du 24 février et à Mlle Leroyer de Chantepie du 27 février.