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à Maurice, combien ce sera long et difficile. Il s’est beaucoup affecté aussi de ce malheur et de ceux qui l’ont accompagné.

Il n’est pas bien robuste et il a toujours été malade depuis notre retour de Paris. Il l’est encore depuis deux jours, aussi je le pousse vers l’Italie, dont il a vraiment besoin…

Dans sa lettre à Maurice, datée du 23 février, en racontant à son fils les observations qu’elle fit sur les sauts des salamandres dans le petit étang presque gelé, elle ajoute :

… Ton dîner chez le prince n’a pas dû être moitié si animé, et on n’a pas dû s’y permettre de pareilles cabrioles. Raconte-moi ce qu’on t’a dit d’agréable, et si le prince raconte des choses intéressantes de cette guerre. Est-ce vrai que l’empereur y va en personne ? je ne lis pas de journaux depuis quelques jours et d’ailleurs je pense bien que ce n’est pas un secret d’État. Je ne me porte pas mal, surtout aujourd’hui par ce beau temps.

Solange était-elle bien belle et bien peinte à ce dîner ?

Quand tu recevras ma lettre, tu auras sûrement fait des courses et vu du monde, écris-moi. Je suis dans la phase de bêtise et de tristesse où je voudrais voir les objets de mon affection du matin au soir…

Il est plus étonnant encore que, dès juillet, on recommença à Nohant les spectacles, comme on le voit par une lettre à Duvernet datée du 15 juillet ; et quoique Mme Sand dise qu’elle ne le fait que pour Maurice, il est étrange qu’elle put simplement songer en ce moment à « relever le moral » de Maurice, que Maurice ne s’abstint de ce passe-temps bruyant, par sollicitude pour sa mère, et enfin que cela ne fût pas insupportable à cette dernière. Nous avons dit aussi dans le chapitre vi du précédent volume que l’écho littéraire de l’état d’âme de George Sand après la mort de sa petite-fille, ce morceau intitulé : « Après la mort de Jeanne Clésinger » qui fait partie des Souvenirs et idées, nous semble justement trop littéraire et il est incompréhensible que la vraie douleur se soit exprimée d’une manière aussi réfléchie et sous la forme d’images aussi jolies, usuelles à la fantaisie créatrice d’un écrivain.

Quoi qu’il en soit, Maurice, inquiet pour la santé de sa mère et désirant lui-même faire un séjour dans le Midi, lui suggéra