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salle de spectacle et lui bâtir un vaste atelier, Manceau prit la direction de tous ces travaux. Peu à peu il commanda toutes les constructions nouvelles et les réparations de Nohant. Puis, voyant que Mme Sand ne pouvait suffire à mener de front son gigantesque travail littéraire et diriger sa maison, il se mit à surveiller le ménage et à veiller à toute la vie matérielle. C’est ainsi que, selon les propres paroles de Mme Sand, il n’oublia jamais de s’assurer, le soir, s’il ne manquait pas sur son bureau de cahiers de son papier favori et, à côté, le verre d’eau sucrée qu’elle avait coutume d’avaler d’un trait lorsque, tard dans la nuit, tombant de fatigue et à moitié endormie déjà, elle passait de sa table à écrire sur son lit. Bref, Manceau l’entourait de dévouement tout filial et de soins attentifs. Il remplit auprès d’elle les fonctions de secrétaire : il les partagea d’abord avec Aucante, puis, après le départ d’Aucante qui prit à sa charge toutes les démarches et les transactions de Mme Sand auprès des éditeurs à Paris[1], il s’en chargea seul : il classait le courrier, dressait la liste des lettres, notait celles qui demandaient des réponses, écrivait parfois au nom de Mme Sand, copiait ses manuscrits, faisait les comptes, etc., etc. George Sand dans ses lettres à Maurice signale souvent de combien de soucis et de tracas Manceau la préserva, avec quel dévouement sans défaillance et avec combien de bonne volonté il sacrifia son temps, son travail afin de faire prospérer les affaires ou de préparer les plaisirs de Maurice toujours engoué tantôt d’une chose, tantôt d’une autre, ce qui l’empêchait d’acquérir par un labeur sans trêve une maîtrise véritable.

À Maurice à Paris.
Nohant, 13 avril 1852.

En effet, mon vieux, ce n’est pas facile de trouver de l’ouvrage, et même en habitant Paris, il faudrait peut-être bien des mois et des

  1. Plus tard, en 1857 ou 1858 Émile Aucante s’installa définitivement à Paris et y fonda une agence littéraire ayant pour but de faciliter les rapports entre les écrivains et les éditeurs. Et George Sand fit paraître dans la Presse du 21 juin 1858 une Lettre (datée du 7 juin) adressée à M. Émile Aucante, par laquelle elle invitait tous les gens de lettres à soutenir de leur concours l’entreprise si sympathique de son jeune ami.