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Mme Sand eut pour la première fois l’idée d’écrire quatre volumes seulement de mémoires, qui ne devaient paraître qu’après sa mort. Quand il nous arrive de feuilleter encore les trois ou quatre cents lettres de Mme Sand qui nous restent entre les mains, nous y trouvons non seulement crayonné le plan de ces mémoires, mais quelques-uns même des éléments de ce livre posthume, pendant les dix premières et plus belles années de la vie littéraire de l’auteur… »

Mais bien avant 1835-36, vers 1827, en récapitulant probablement sa vie de jeune fille et de jeune mariée, sous l’impression de la trahison de son mari, de sa rupture morale avec lui et de son amour pour Aurélien de Sèze, George Sand avait songé à écrire son autobiographie.

Ce prototype de l’Histoire de ma vie s’appelle Voyage en Auvergne et en Espagne, fut écrit pour Zoé Leroy et fut, comme nous l’avons dit, imprimé, déjà après la mort de George Sand, dans le Figaro de 1888. L’original est écrit sur de petits cahiers in-8° et présente une série de très petits chapitres, parfois de deux ou trois lignes, qui sont comme un sommaire de ses futurs mémoires. Voici le commencement et quelques extraits de ce très intéressant écrit très important pour nous, où — cinq années entières avant la naissance de la future George Sand — se reflètent avec une étonnante intensité toutes les faces de son admirable talent. Ce qui est absolument typique c’est le style, c’est la forme de cette première œuvre autobiographique, c’est le récit spontané, familier des événements tantôt plein d’humour, de verve, et tantôt de profond sentiment, ce sont des digression, des plaintes amères sur son sort, des réflexions d’une puissance extraordinaire sur des thèmes généraux, de poétiques paysages, des excursions de naturaliste, des épisodes comiques dialogues, des esquisses satiriques de personnages burlesques ou étranges, des pages alertes et gaies rappelant ses lettres intimes et d’autres écrites en sonores périodes évoquant le style de Lélia. Il est très curieux de noter le fait surprenant que George Sand avait,