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que nous les analysions) tels qu’Indiana, Valentine, Mattéa, Lélia, Elle et lui, le Toast, Lucrezia, Spiridion, Isidora, le Poëme de Myrza, le Diable aux champs, etc., etc., etc.), on doit considérer comme une tentative d’autobiographie les Lettres d’un voyageur. Voici ce que George Sand en dit elle-même :

Je viens de relire les Lettres d’un Voyageur de septembre 1834 et de janvier 1835 et j’y retrouve le plan d’un ouvrage que je m’étais promis de continuer toute ma vie. Voici quel était ce plan suivi au début de la série, mais dont je me suis écartée en continuant et que je semble avoir tout à fait perdu de vue à la fin. Cet abandon apparent veut surtout dire que j’ai réuni sous le même titre de Lettres d’un voyageur diverses lettres ou séries de lettres qui ne rentraient pas dans l’intention et la manière des premières[1]. Cette intention et cette manière consistaient dans ma pensée première à rendre compte des dispositions successives de mon esprit d’une façon naïve et arrangée en même temps… Je créai donc au hasard de la plume et me laissant aller à toute fantaisie un moi fantastique très vieux, très expérimenté et partant très désespéré. Ce troisième état de mon moi supposé, le désespoir, était le seul vrai, et je pouvais, en me laissant aller à mes idées noires, me placer dans la situation du vieil oncle[2], du vieux voyageur que je faisais parler… En un mot je voulais faire le propre roman de ma vie et n’en être pas le personnage réel, mais le personnage pensant et analysant…


Le Journal de Piffoël, dont nous avons plusieurs fois cité des extraits et qui ne fut jamais publié en entier, excepté le petit

  1. Nous avons déjà dit dans le chap. ix du vol. II de notre travail que le volume des Lettres d’un voyageur réunit : 1° les trois lettres, toutes lyriques, à Musset ; 2° des épanchements non moins lyriques et des réflexions élégiaques adressées à Néraud et Rollinat ; 3° une lettre politique à Everard (Michel de Bourges) ; 4° les impressions du voyage en Suisse et du jeu de Liszt racontées à Herbert (Charles Didier) ; 5° une lettre sur la phrénologie (à Liszt) ; 6° l’analyse critico-musicale des opéras de Meyerbeer et des œuvres de Berlioz (lettre à Meyerbeer) et enfin 7° un écrit polémique pro domo sua contre Nisard.
  2. Mme Sand indique plus loin, que la sixième Lettre d’un voyageur était intitulée Lettres d’un oncle. Cette indication n’est pas tout à fait exacte, de même qu’est inexacte l’indication, donnée plus haut, des lettres de « septembre 1834 et janvier 1835 ». Quoique nous l’ayons déjà dit dans le chap. x de notre deuxième volume, nous croyons indispensable de donner ici les dates, l’ordre et le numérotage des Lettres lors de leur première impression dans la Revue des Deux Mondes et les numéros sous lesquels elles